librairies anciennes
Aujourd'hui, je compte taper au propre mes notes sur Michel Delpech, mais rien ne presse, j'ai toutes les vacances pour le faire. J'ai pratiquement fini de corriger mes copies. Je bouquine beaucoup actuellement, mais surtout des documents sur les chanteurs. J'ai discuté un peu avec le type de la solderie dont j'ai parlé hier. vous verriez le travail de manutention que lui demande son commerce, tous les « rayons » qu'il doit sortir (avec son chariot) pour que les clients puissent accéder à la pièce située en face du magasin principal.
Il y a au moins six ou sept librairies d'ouvrages d'occasion à Poitiers, et très différentes les unes des autres. Rien que Grand rue, on en compte trois. On trouve la « Librairie de l'escalier », un local minuscule, tenu par un couple qui fait très baba cool. Une sorte de grenier qui aurait pu être une petite épicerie de quartier dans les années cinquante. Le type, on dirait un Lennon qui n'aurait pas rencontré son Chapman, un vieux libertaire, à barbe de prophète, comme le Moïse à la barbe fleurie de je ne sais quel sculpteur italien, ou John Lennon, période « bed-in » / « give peace a chance » à Amsterdam, avec l’horrible yoko conno, avec aussi une bouffarde de tabac gris, une horrible veste de velours qu'il porte au moins depuis trente ans. Deux chiens errent en permanence dans leur minuscule local, attendant qu’on les sorte. Ils viennent humer les rares clients qui s'y risquent. On y trouve pas mal de littérature étrangère, et même des correspondances d'écrivains et quelques rares études universitaires, des textes médiévaux, mais depuis quelques années j'y vais bien moins souvent, je ne sais pourquoi. Ils font même maison d'édition. Le type qui a publié trois bouquins sur Zappa et « La danse des solstices » sur Santana (vade retro, Santana…) chez Albin Michel, y a même publié quelque chose. Mais je ne leur ai jamais filé un seul de mes SOMPTUEUX manuscrits. Ils auraient fait la fine bouche, j’en suis sûr (plus c’est petit, plus c’est mesquin). Si c'est pour se faire publier à dix exemplaires, ça ne vaut pas trop le coup.
La deuxième, c’est la librairie Brissaud, une librairie ancienne où l’on ne trouve que des ouvrages à des prix exorbitants, de vieilles reliures, des ouvrages régionaux rarissimes, des estampes du genre « le port de La Rochelle la Vienne
La troisième est une boutique tenue par un type qui a longtemps fait les marchés et que son métier en plein air a aigri. Il tient le local de l’ancienne « Pergame », une librairie de neuf qu n’existe plus car l’ancienne propriétaire est décédée. C’était une intellectuelle antipathique au possible, avec une bouche amère, une dentition chevaline, des cheveux longs, gras et noirs. Elle m’impressionnait beaucoup, car, quand elle était jeune, elle y vendait à la fois des ouvrages de philosophie marxiste, de psychanalyse, des poètes surréalistes, des livres d’art « chicos ». Je n’ai compris que très récemment pourquoi elle avait appelé ainsi sa boutique (que j’ai longtemps connue au bout de la rue carnot). L’ancienne Pergame avait une bibliothèque de près de 400 000 ouvrages, enfin des rouleaux de papyrus, j’imagine. Alexandrie (Alexandra) n’en avait pas le monopole. « Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre » …
La quatrième solderie ne présente aucun intérêt car la grosse bonne femme qui la tient ne connaît rien à rien. Ah si, elle a entendu parler de Chandler… cela s’appelle « La bouquinerie ». Elle a des milliers de titres inintéressants. De temps en temps, un Pierre Benoit en livre de poche.
La cinquième, c’est Gibert, de plus en plus spécialisée dans l’occasion, sur trois étages.
La sixième, au bout de la rue Magenta, contient de belles choses, mais les horaires d’ouverture sont dissuasifs. Je crois que le vendeur n’ouvre que vers les 15 heures trente. J’y revendrai peut-être un jour ma collection d’Hara Kiri mensuel.